La Réserve des matériaux, une ressourcerie multi-activités pour valoriser les déchets du bâtiment dans le Pays de Brest

La Réserve des matériaux est une structure associative qui travaille à la réduction des déchets du BTP par la récupération, la revente ou la transformation de matériaux prêts à être jetés sur les chantiers ou en magasin.

Détails du projet

  • Structure porteuse : Fabien Perault, Thibault Fournier, Igor Joly, Jeanne La Prairie (ont pris la suite de l’impulsion donnée par Un peu d’R et Les Manufacteurs)
  • Nature de l'initiative : Démarche multi acteurs (collective ...)
  • Périmètre : Pays de Brest
  • Localisation : 251b Chemin de goarem ar zant, 29200 Brest
  • Date de début : janvier 2019

Piliers de l‘économie circulaire

  • Allongement de la durée d'usage
  • Consommation responsable
  • Eco-conception
  • Economie de fonctionnalité
  • Ecologie industrielle et territoriale
  • Recyclage
  • Approvisionnement durable
Description

Née en 2019, la Réserve des matériaux est une recyclerie de matériaux qui développe plusieurs activités : le surcyclage, la dépose, la collecte, la mise en réseau de l’offre et la demande de réemploi (par un magasin et d’autres actions en faveur de la nouvelle filière).  
Elle est née de la rencontre de la recyclerie Un peu d’R à Brest et de Les Manuf’acteurs, collectif mouvant de designers, d’urbanistes et d’architectes. Leur objectif : aller au-delà de la ressourcerie d’objets et se spécialiser dans le réemploi de matériaux.

La Réserve a démarré en deux temps. Elle s’est développée jusqu’en 2020 avec l’aide des bénévoles puis d’une première salariée. La pandémie et le manque d’accès au foncier ont mis en veille les activités de l’association.  

L’activité a progressivement redémarré en 2022. Depuis octobre 2023, trois salariés et un co-porteur salarié détaché développent les activités de la Réserve des matériaux.  

Thibault Fournier est dédié aux projets de surcyclage, ou upcycling, issu des matériaux récupérés en créant du mobilier à destination du public et du privé comme les hôtels, les écoles, les crèches ou les expositions. Cette activité a été la première développée et est aujourd’hui viable. Les autres activités de la Réserve sont au stade de l’expérimentation pour parfaire la boucle opérationnelle collecte-tri-communication-vente. 

 Igo Joly est magasinier valoriste et s’occupe de la manutention et de la vente des matériaux afin qu’ils circulent le plus vite possible. 

Jeanne La Prairie s’occupe du développement local, de la gestion de projet, de la communication ainsi que de la vente de certains matériaux. Elle met en place des expérimentations d’accueil de chantiers d’insertion au sein de la recyclerie à destination des personnes fragiles et éloignées du monde du travail. 

Enfin, Fabien Perault, coordonne l’association et est chargé du déploiement opérationnel des activités et de la relation avec les professionnels ainsi que du lien avec les éco-organismes. Il a pu suivre le programme de l’incubateur Tag29 qui a aidé à dimensionner le projet pendant 6 mois et lui a ainsi permis de se lancer dans l’entreprenariat et de relancer le projet de la Réserve. 

 

La Réserve des matériaux expérimente différentes prestations et activités dans le but d’offrir des solutions opérationnelles sur toute la chaine du réemploi de matériaux. 

Elle réalise la collecte, le stockage et la vente de matériaux soit en transfert d’un chantier à l’autre, soit via son espace de vente d’environ 400 m2, depuis mars 2023. Les matériaux collectés sont uniquement des rebuts destinés à la benne. Aujourd’hui, les apports volontaires viennent plutôt des particuliers, des artisans, ou des démolisseurs qui apportent les matériaux car ils souhaitent les voir valorisés pour ne pas gaspiller. La Réserve des Matériaux a pour objectif de valoriser 100% de ce qui est apporté. La première année d’activité en 2023 s’est beaucoup axée autour de la vente de matériaux en magasin à prix libre et conscient, autrement appelé “tarif solidaire afin d’acculturer les pros et les particuliers et de pouvoir déployer les autres activités pour contribuer au développement de l’économie circulaire dans le domaine du BTP. 

 

Education populaire et prix libre

La Réserve s’est aussi investie d’une mission d’éducation populaire à la sensibilisation sur le coût réel des matériaux, le gaspillage ou les économies d’énergie. En effet, les matériaux neufs peuvent être vendus à bas coûts car les filières sont basées à l’étranger et n’ont pas de lois et des salaires aussi élevés que les filières françaises, mais elles ne protègent pas non plus leurs employés. Cependant, si les matériaux de réemploi étaient vendus au coût réel, les prix seraient trop dissuasifs. La Réserve a donc décidé de mettre un prix libre tout en expliquant sa démarche aux clients afin de garder un équilibre financier. Aujourd’hui, les matériaux sont vendus de 30 à 70% du prix du neuf selon leur état, leur qualité et leur rareté. 

 

Faire partie d’un réseau 

La Réserve participe à plusieurs réseaux comme celui des acteurs du réemploi à l’échelle régionale, celui de la Chambre Régionale d’Economie Sociale et Solidaire (CRESS) ainsi qu’au réseau ESS France sur l’étude nationale sur un schéma logistique adapté au réemploi de matériaux (avec la Bretagne, la Normandie et Auvergne Rhône Alpes). 

Elle appartient également à un collectif qui travaille à la mise en place d’un guichet unique pour répondre aux demandes plus importantes dans le Finistère-Nord. Cette dynamique se met en place pour répondre au besoin des commanditaires de chantiers de disposer d’une réponse globale de réduction des déchets. 

Résultats qualitatifs et chiffres clés

  • La Réserve permet la valorisation de matériaux issus de chantiers de déconstruction ou de magasins, permettant ainsi l’allongement de leur durée d’usage.  

  • La réserve sert de support à des chantiers d’insertion et travaille volontiers à la création de lien social.  

  • En pratiquant le prix libre et solidaire, la réserve s’adresse au plus grand nombre pour rendre l’amélioration de son logement accessible. 

 

INVENTER UNE NOUVEAU SERVICE PRATIQUE POUR LES PROFESSIONNEL·LES

  • Créer de nouveaux réseaux de coopération : architectes, artisans, chantiers, tris déchets, travailleurs sociaux, démolisseurs...  

  • Structurer la nouvelle filière sur le territoire en limitant au maximum les contraintes en adaptant agilement nos services 

 

ACCÉLÉRER LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE EN ACCULTURANT TOUT LE MONDE AU RÉEMPLOI

  • Faire passer le reflexe “récup’” en premier  

  • Donner envie grâce à notre magasin et des événements conviviaux  

  • Rendre l’amélioration de l’habitat accessible à tous et toutes 

 

CRÉER DES EMPLOIS D’AVENIR POUR TOUS ET TOUTES ET INDÉLOCALISABLES 

 

  • Aider à l’insertion des personnes éloignées de l’emploi avec les partenaires locaux 

  • Développer des nouveaux services et compétences (design, menuiserie en réemploi, tri, bricolage, créations...)  

  • Former la future génération des artisan·es résilient·es 

Historique et perspectives de l’initiative

Historique

  • 2019 : Création de la Réserve des matériaux 

  • 2020/2021: Investissement dans les machines à bois, pour l’activité surcyclage. Mise en pause des autres activités avec la crise sanitaire et la problématique de recherche de foncier. 

  • 2023: Un lieu temporaire est trouvé. 3 personnes rejoignent le projet relancé par Fabien Perault. Les activités de collecte, de dépôt et de vente aux professionnels se développent, le surcyclage bat son plein. 

  • Juin 2023 : embauche d’un valoriste magasinier 

  • Octobre 2023 : Embauche du coordinateur de l’association et d’une chargée de développement. Développement des activités et expérimentations. 

  • En 2024 ? Un nouveau lieu plus grand permettrait notamment de réunir l'activité de surcyclage et le magasin, d’améliorer notre efficacité et notre impact, d’augmenter notre chiffre d’affaires et consolider l’équipe salariée. 

Perspectives

  • Développement auprès des éco-organismes 

La discussion est engagée avec les éco-organismes qui, pour l’instant, tendent plutôt à subventionner le recyclage et la valorisation énergétique ne favorisant pas le réemploi. L’objectif est de savoir quelles collaborations pourraient être mises en place avec ces structures dédiées à valoriser la fin de vie du mobilier et des matériaux.

  • Passage à l’échelle 

La Réserve cherche un espace de stockage de plus de 1000 m2 et à s’équiper en véhicules de collecte et d’outils de chargement afin de s’adresser aux professionnels. Des activités de collecte sont en expérimentation avec des discussions ouvertes avec de nombreuses PME et grandes enseignes. Pour passer à l’échelle, 200 000 euros environs sont recherchés pour le moment. 

Facteurs d'accélération et freins

Facteurs d’accélération :

  • L’accompagnement par Tag29 pour devenir porteur du projet 

L’accompagnement a permis à Fabien Perault de se familiariser avec l‘entreprenariat et de devenir le coporteur de projet de la Réserve.

  • La présence de bénévoles pour soutenir l’activité 

Les bénévoles ont permis à l’activité de perdurer pendant 2 ans en l’absence de salariés et sont aujourd’hui toujours présents.

  • La possibilité d’obtenir un espace de stockage 

L’espace de stockage de 400 m2 a permis de créer une zone tampon après la collecte de matériaux et donc d’augmenter les tonnages réemployés.

  • La diversité de modèle permettant un équilibre financier 

La présence de 3 salariés permet de diversifier les modèles d’activités : surcyclage, vente de matériaux, collecte pour les professionnels, expérimation de solutions optimisées, etc. Cette diversité permet de développer la filière sur le territoire en connectant les offres et les demandes.

 

Freins :

  • Espace de stockage et pression immobilière 

La vente de matériaux de seconde main nécessite systématiquement un espace de stockage. Cela peut être directement sur le chantier avec de la vente directe, un stockage d’attente en pied de chantier avant le transfert vers un autre ou encore un stockage dans un espace tiers pour la remise en état et la vente de matériaux. Ces deux types d’espaces comportent des problématiques dues à la nouveauté de l’activité.  

Le stockage en pied de chantier n’est pas inscrit dans les pratiques usuelles et doit trouver sa place dans la gestion de l’espace et dans la gestion du temps. En effet, il faut avoir suffisamment de temps pour que le matériau puisse se vendre ou que le chantier suivant soit suffisamment avancé pour accueillir les premiers matériaux. 

Pour le stockage en espace tiers, il est difficile d’avoir suffisamment de m2 car l’activité ne permet pas de générer des revenus élevés, entrainant des difficultés à payer les loyers pour les espaces nécessaires. Les ressourcerie ont alors besoin du soutien de la collectivité ou de mécènes pour obtenir des espaces conséquents mais ce sont souvent des démarches longues pour des espaces à bail précaire. 

Une autre possibilité serait d’occuper des friches mais la ville de Brest semble rencontrer une importante pression immobilière et utilise fréquemment ses déconstructions pour produire des logements.  

Une autre solution possible est l’occupation de locaux partagés à plusieurs structures, afin de supporter le coût généré par des locaux bien plus conséquents. Actuellement, la Réserve bénéficie d’un loyer conséquent pour la location et l’engagement dans un local plus et pourrait fortement multiplier le loyer. Une des solutions envisagées serait le partage de la surface et de moyens avec d’autres structures du réemploi.

  • Besoin d’aide des pouvoirs publics 

Le besoin en foncier et le fonctionnement (pour stabiliser les expérimentations et la faisabilité) pourrait être soutenu par les collectivités, d’une part, grâce à la mise à disposition d’espaces à bas coûts, d’autre part, avec des subventions qui permettraient aux structures de changer d’échelle. 

Le développement de l’activité à destination des professionnels demande de l’équipement de manutention adapté comme des camions, des chariots élévateurs et de la main d’œuvre agréée.

 

Chiffres-clefs :

  • 400 m2 d’espace de stockage et 40m2 de bureaux 

  • 30 Tonnes : poids de matériaux remis en circulation en une trentaine de jours de ventes en magasin. 

  • 25 euros : panier moyen en magasin pour des produits vendus à prix libres 

Domaines d’activités

  • Construction
  • Déconstruction

Ressources

  • Métaux
  • Déchet
  • Bois
  • Sobriété
  • Efficacité matière
  • Verre
  • Plastique
  • Textile
  • Matériaux de construction
Mise en oeuvre

Partenaires

  • CRESS, ADESS et TAg29
  • Aide au développement de la structure

Moyens techniques et méthodologies

Lieu de 400 m2 dédié à la ressourcerie

Moyens humains

3 salarié.es et des bénévoles 

Financeurs

  • Région Bretagne
  • AMI sur l’Economie Circulaire en 2017 (avant la création de la Structure, fonds pour achat d’équipements de surcyclage)


  • Brest Métropole
  • AAP sur les transitions en 2019 (fonds pour recruter une chargée de développement)

Financement

La Région et la Métropole à la naissance de la structure. Puis, ensuite, sur fonds propres. En 2024, plusieurs nouveaux financeurs seront associés au projet. Par des aides à l’investissement de machines pour le travail du bois, et à l’embauche sur 6
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Fabien Perault

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